René Bazin (1853-1932) " Le soleil déclinait. Le vent d’est mouillait la crête des mottes, activait la moisissure des feuilles tombées, et couvrait les troncs d’arbres, les baliveaux, les herbes sans jeunesse et molles depuis l’automne, d’un vernis résistant comme celui que les marées soufflent sur les falaises. La mer était loin cependant, et le vent venait d’ailleurs. Il avait traversé les forêts du Morvan, pays de fontaines où il s’était trempé, celles de Montsauche et de Montreuillon, plus près encore celle de Blin . il courait vers d’autres massifs de l’immense réserve qu’est la Nièvre, vers la grande forêt de Tronçay, les bois de Crux-la-Ville et ceux de Saint-Franchy. L’atmosphère semblait pure, mais dans tous les lointains, au-dessus des taillis, à la lisière des coupes, dans le creux des sentiers, quelque chose de bleu dormait, comme une fumée. – Tu es sûr, Renard, que le chêne a cent soixante ans ? – Oui, monsieur le comte, il porte même son âge écrit sur son corps : voilà les huit traits rouges . je les ai faits moi-même, au moment du balivage. – Eh ! oui, tu l’as sauvé, et maintenant on veut que je le condamne à mort ! Non, Renard, je ne peux pas ! Cent soixante ans ! Il a vu cinq générations de Meximieu..." Dans le Nivernais, au début du XXe siècle, Gilbert est un journalier fidèle à la terre. Toute sa vie il a été en quête de justice. Bien que fondateur du premier syndicat d'ouvriers agricoles, il se sent dépassé par les idées nouvelles de ses camarades et lâché par tous. Il éprouve de la sympathie et du respect pour Michel de Meximieu, le fils du propriétaire, qui a des pensées proches des siennes. Le temps passe et la société est en mutation. Quel avenir pour des hommes comme Gilbert et Michel ? et Dieu dans tout ça ?
Número de páginas : 219
Fecha de publicación :
Editor : La Gibecière à Mots