Paul Féval (1816-1887) "– Ma chère bonne Madame, dit le docteur Samuel, il faut être juste : si les personnes qui ont le moyen ne veulent plus payer, nous n’avons qu’à fermer boutique ! Moi, je fais beaucoup de bien, Dieu merci. Je suis connu pour ne jamais rien demander aux pauvres. Mais il y a des bornes à tout, et si les personnes qui ont le moyen ne veulent plus payer... – Vous avez déjà dit cela une fois, Monsieur le docteur, l’interrompit une voix profondément altérée, mais dont l’accent douloureux parlait de joies évanouies, lointaines peut-être, et d’impérissables fiertés. La malade ajouta : – Monsieur le docteur, vous serez payé, je vous en réponds. Le docteur Samuel était un homme entre deux âges, blond, rond, rouge, vêtu de beau drap et portant jabot. En l’année 1832, où nous sommes, le jabot faisait sa rentrée dans le monde. Le linge tuyauté du docteur Samuel et son beau drap tout neuf n’avaient pas l’air propre. C’était un médecin affable et doux, mais je ne sais pourquoi, il n’inspirait pas confiance. Ses consultations gratuites envoyaient le malade chez un certain pharmacien qui seul exécutait bien ses ordonnances. Ce pharmacien et lui comptaient . on disait cela. Que Dieu nous aide ! Nous en sommes, et pour cause, à poursuivre l’usure abominable, jusque sous le blanc vêtement de la charité ! Ceci se passait dans une chambre petite, meublée avec parcimonie. Un feu mourant couvait sous les cendres du foyer. L’air épais s’imprégnait de ces effluves navrantes, épandues par les préparations pharmaceutiques et qui sont comme l’odeur de la souffrance. La malade était couchée dans un lit étroit, entouré de rideaux de coton blanc. Sa pâleur amaigrie gardait les souvenirs d’une grande beauté. Il y avait, sous son bonnet sans garniture, d’admirables cheveux noirs où quelques fils d’argent brillaient aux derniers rayons de ce jour d’hiver." Roland est chargé, par sa mère gravement malade, de récupérer chez un notaire trois actes civils contre une très grosse somme d'argent. Mais arrivé dans l'immeuble où se situe le bureau notarial, rien ne se passe comme prévu... Les Habits noirs ont-ils disparu après la mort de leur chef ? Deuxième opus des "Habits noirs".
Nombre de pages : 466
Date de publication :
Éditeur : La Gibecière à Mots