Hélas ! Voilà trop longtemps que cette histoire ne la mène nulle part. Vingt ans d’attente, vingt longues années de faux espoirs, de vraies désillusions, pour enfin ne plus rien savoir. Son divin mari est mort, elle le sait, elle le croit, on lui a dit, pourquoi lui mentirait-on ? Hélas ! Dix fois hélas ! Cent fois hélas ! La neige est tombée un hiver, elle s’est fondue en une rivière quand le printemps est arrivé, et cette rivière s’en est allée aux premières heures de l’été. Puis les nuages sont réapparus à l’automne, vingt fois, comme vingt cercles en un écho se refermant sur ses rêves, vingt fois sans que jamais son amour, lui, ne revienne. Il est parti, à la guerre, dans une lointaine contrée, au-delà de l’horizon du levant, quelque part derrière l’océan, aux confins des aurores aux doigts rosés, à l’envers du crépuscule, elle le cherche, elle ne le trouve pas, on lui a tué, on le dit mort… Hélas !