George Sand (1804-1876) "Sur les confins de la Marche et du Berry, dans le pays qu’on appelle la Varenne, et qui n’est qu’une vaste lande coupée de bois de chênes et de châtaigniers, on trouve, au plus fourré et au plus désert de la contrée, un petit château en ruine, tapi dans un ravin, et dont on ne découvre les tourelles ébréchées qu’à environ cent pas de la herse principale. Les arbres séculaires qui l’entourent et les roches éparses qui le dominent l’ensevelissent dans une perpétuelle obscurité, et c’est tout au plus si, en plein midi, on peut franchir le sentier abandonné qui y mène, sans se heurter contre les troncs noueux et les décombres qui l’obstruent à chaque pas. Ce sombre ravin et ce triste castel, c’est la Roche-Mauprat. Il n’y a pas longtemps que le dernier des Mauprat, à qui cette propriété tomba en héritage, en fit enlever la toiture et vendre tous les bois de charpente . puis, comme s’il eût voulu donner un soufflet à la mémoire de ses ancêtres, il fit jeter à terre le portail, éventrer la tour du nord, fendre du haut en bas le mur d’enceinte, et partit avec ses ouvriers, secouant la poussière de ses pieds, et abandonnant son domaine aux renards, aux orfraies et aux vipères. Depuis ce temps, quand les bûcherons et les charbonniers qui habitent les huttes éparses aux environs passent dans la journée sur le haut du ravin de la Roche-Mauprat, ils sifflent d’un air arrogant ou envoient à ces ruines quelque énergique malédiction . mais, quand le jour baisse et que l’engoulevent commence à glapir du haut des meurtrières, bûcherons et charbonniers passent en silence, pressant le pas, et, de temps en temps, font un signe de croix pour conjurer les mauvais esprits qui règnent sur ces ruines." Le Berry au XVIIIe siècle : les Mauprat, famille seigneuriale du Berry, sont scindés en deux branches diamétralement opposées : Les Mauprat "coupe-jarrets", la branche aînée, véritable bande de hors-la-loi et les Mauprat "casse-tête", la branche cadette qui cultive la sagesse et la bonté. Bernard, le petit-fils des Mauprat "coupe-jarret" sauve sa cousine Edmée, l'héritière des Mauprat "casse-tête", des violences de son grand-père et de ses oncles. Bernard devient amoureux d'Edmée... Les idées de Jean-Jacques Rousseau arriveront-elles à rendre meilleur Bernard ? "Mauprat" oppose le socialisme au féodalisme, la bonté à la cruauté.
Número de páginas : 281
Fecha de publicación :
Editor : La Gibecière à Mots