Octave Mirbeau (1848-1917) "Voici donc le Journal de ce voyage en automobile à travers un peu de la France, de la Belgique, de la Hollande, de l’Allemagne, et, surtout, à travers un peu de moi-même. Est-ce bien un journal ? Est-ce même un voyage ? N’est-ce pas plutôt des rêves, des rêveries, des souvenirs, des impressions, des récits, qui, le plus souvent, n’ont aucun rapport, aucun lien visible avec les pays visités, et que font naître ou renaître, en moi, tout simplement, une figure rencontrée, un paysage entrevu, une voix que j’ai cru entendre chanter ou pleurer dans le vent ? Mais est-il certain que j’aie réellement entendu cette voix, que cette figure, qui me rappela tant de choses joyeuses ou mélancoliques, je l’aie vraiment rencontrée quelque part . et que j’aie vu, ici ou là, de mes yeux vu, ce paysage, à qui je dois telles pages d’un si brusque lyrisme, et qui, tout à coup, – par suite de quelles associations d’idées ? – me fit songer au botanisme académique de M. André Theuriet ? Il y a des moments où, le plus sérieusement du monde, je me demande quelle est, en tout ceci, la part du rêve, et quelle, la part de la réalité. Je n’en sais rien. L’automobile a cela d’affolant qu’on n’en sait rien, qu’on n’en peut rien savoir. L’automobile, c’est le caprice, la fantaisie, l’incohérence, l’oubli de tout... On part pour Bordeaux et – comment ?... pourquoi ? – le soir, on est à Lille. D’ailleurs, Lille ou Bordeaux, Florence ou Berlin, Buda-Pesth ou Madrid, Montpellier ou Pontarlier..., qu’est-ce que cela fait ?..." Au début du XXe siècle, Octave Mirbeau décide de voyager à travers la Belgique, la Hollande et l'Allemagne, à bord de son automobile. Loin de nous offrir un recueil de chroniques touristiques ou d'impressions géographiques, Octave Mirbeau nous livre une suite de digressions... Véritable hymne à l'automobile qui, selon l'auteur, doit résoudre tous les problèmes ! Le chapitre sur la mort de Balzac fut supprimé de la première édition.
Number of pages : 347
Publication date :
Editor : La Gibecière à Mots