Jules Verne (1828-1905) "Ce matin-là – 9 septembre 1831 – le capitaine quitta sa cabine à six heures et monta sur la dunette. Le soleil pointait déjà à l’est, ou plus exactement la réfraction l’élevait au-dessus des basses couches de l’atmosphère, car son disque se traînait encore au-dessous de l’horizon. Une longue effluence lumineuse caressait la surface de la mer, largement ridée d’un léger clapotis avec la brise matinale. Après une nuit calme, il y avait apparence que la journée serait belle – une de ces journées de septembre dont la zone tempérée bénéficie parfois au déclin de la saison chaude. Le capitaine ajusta sa longue-vue à son œil droit, et, faisant demi-tour, il promena l’objectif sur une circonférence où se confondaient le ciel et la mer. La longue-vue rabaissée, il s’approcha de l’homme de barre, un vieux à barbe hirsute, dont le vif regard perçait sous une paupière clignotante. « Quand as-tu pris le quart ? demanda-t-il. – À quatre heures, capitaine. » Ces deux hommes parlaient une langue assez rude, que nul Européen, Anglais, Français, Allemand ou autre, n’aurait reconnue, à moins d’avoir fréquenté les Échelles du Levant. Ce devait être une sorte de patois turc mélangé de syriaque. « Rien de nouveau ?... – Rien, capitaine." Le Maloin Pierre-Servan-Malo Antifer, marin à la retraite, détient un document, hérité de son père, indiquant la latitude d'un îlot dans lequel un riche Egyptien, Kamylk-Pacha, a enterré son trésor, 31 ans auparavant... Malheureusement, la longitude n'a jamais été communiquée comme prévu... Pourtant, un beau matin, arrive à Saint-Malo, un notaire égyptien, Ben-Omar...