René Boylesve (1867-1926) "L'abbé entra sans façon, avec son élève Septime, prendre des nouvelles de madame Durosay dont toute la ville s'inquiétait à cause de la troisième visite du grand médecin. On appelle grand médecin, à Néans, quelque confrère imposant par sa tenue, son âge ou son long exercice dans une sous-préfecture, et que s'adjoint le docteur Grandier quand le cas est grave ou le malade récalcitrant. Le grand médecin se paie fort cher et il inspire la foi qui sauve. Quelques personnes encore le font venir pour un oui ou pour un non, mais c'est par manière de faire largement les choses en face de la ville, ou de piquer M. Grandier dont les façons ne siéent pas à tout le monde. Ces messieurs étaient déjà couverts et causaient ventre à ventre dans l'étroit corridor, quand l'abbé montra le nez qu'il portait long." Dans la petite ville provinciale de Néans, l'ennui et la routine règnent en maîtres. Les dames de la bourgeoisie locale semblent atteintes d'une curieuse maladie : une sorte de mélancolie profonde et envahissante. Le Dr Grandier tente de les guérir en leur prescrivant une "médecine" bien particulière...