L’auteur de ce livre marquant est mort quasi accidentellement quelques jours après en avoir achevé la rédaction. Le signe de la croix qui précède son nom intervient comme une autre signature, plus vraie encore que la première. Ce signe est éloquent : il a certes la voix de la séparation et de l’espoir, mais aussi le timbre du néant et de l’absolu. La vision de ces contraires sinon contradictoires, nous sort de l’horizon du signe pour nous mener vers la figure de la croix, l’une des figures constitutives, qu’on le veuille ou non, de toute démarche, de toute réflexion et de tout désir de l’homme moderne.Or, puisqu’il est toujours vérifié que les « rythmes et les vecteurs de l’univers sont en genèse », la tâche urgente est de dépasser les alternatives et, pour ce faire, de « renverser ce qui va vers la ’mort’ en une tendance irrésistible vers la vie ». C’est ici que l’auteur propose le concept de croix : bien réel à ses yeux, celui-ci pourra dépasser et le « signe » et la « figure ». Et de ce concept, E. Haulotte recherche ici la genèse historique en même temps qu’il essaie d’en mettre à jour la teneur et la pertinence pour aujourd’hui.Le champ de l’enquête est constitué des textes du Nouveau Testament : bien sûr les récits de la Passion des quatre évangiles . mais aussi les épîtres, sans oublier, en amont, les « formules brèves », les « hymnes » et autres « confessions » représentant les formes toutes primitives des écritures chrétiennes.La méthode est exigeante : elle consiste en un « travail dans le texte » destiné à faire émerger du texte lui-même les questions à affronter. Plus précisément, le propos est de tout tirer du récit, traité dans sa textualité concrète.Ce « tout » que l’on veut tirer du récit, c’est aussi bien le concept de croix lui-même que, surtout, ce que celui-ci porte et révèle d’ordre théologal et dès lors théologique. Aussi cet ouvrage, de théologie en définitive, débouche-t-il sur ce qui fait l’essentiel du message chrétien.Une collection de référence en christologie sous la direction de Monseigneur Doré.