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L'Américaine

Claretie Jules

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Jules Claretie (1840-1913) "En juillet, à Trouville, par un beau temps clair, sous le ciel d’un bleu doux, légèrement ouaté de nuages blancs, devant la mer plate et verte aux bords vaseux dentelés d’écume blanche, le docteur Fargeas, le savant névrologiste, causait à l’ombre d’un grand parasol planté dans le sable fin. Il causait, tout en regardant de ses profonds yeux noirs des barques filer à l’horizon, un vapeur passer avec sa blanche fumée droite, et, en amateur d’art qu’il était, comparant aux marines accrochées à Paris, dans son cabinet, la côte violacée qui se montrait au fond, très loin, plaquée de tons rosés ou jaunes, vers le cap de la Hève, là-bas. Il se laissait aller, le docteur, à ces lents bavardages des jours de repos, assis entre un homme de trente-cinq ans environ, à l’air militaire, le marquis de Solis, retour du Tonkin et descendu l’avant-veille aux Roches Noires, et un jeune homme coiffé du petit chapeau paillasson à large ruban qui, dans un tonneau d’osier, les jambes croisées, battait sa bottine gauche du bout de son ombrelle de toile écrue. Joli garçon, ce M. de Bernière, un peu cousin du marquis de Solis . mais aussi spirituellement flâneur, railleur, décadent ou pessimiste, selon la mode, que Georges de Solis était – avec dix années de plus sur les épaules – enthousiaste, crédule, courant la mode à la conquête de quelque vérité scientifique, et que Fargeas lui-même, restait ardent et alerte, sous ses longs cheveux gris, encadrant son visage maigre."

Nombre de pages : 220

Date de publication :

Éditeur : La Gibecière à Mots

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