Emile Gaboriau (1832-1873) "C’était le 15 octobre, un jeudi soir. Il n’était que six heures et demie, mais depuis longtemps déjà la nuit était venue. Il faisait froid, le ciel était noir comme de l’encre, la vent soufflait en tempête, il pleuvait. Les domestiques de l’hôtel de Chalusse, un des plus magnifiques de la rue de Courcelles, étaient réunis chez le concierge, lequel occupait, avec son épouse, un pavillon de deux pièces, à droite de la vaste cour sablée. À l’hôtel de Chalusse, comme dans toutes les grandes maisons, le concierge, M. Bourigeau, était un personnage d’une importance exceptionnelle, toujours prêt à faire sentir cruellement son autorité à qui eût osé seulement la mettre en doute. À le voir on reconnaissait le serviteur qui tient au bout de son cordon le plaisir et la liberté de tous les autres, celui qui favorise les sorties défendues par le maître, celui qui peut cacher, si telle est sa volonté, les rentrées mystérieuses, la nuit, après la fermeture du bal public ou de l’estaminet. C’est dire que M. et Mme Bourigeau étaient l’objet de toutes sortes d’adulations et de gâteries. Ce soir-là, le maître était sorti, et le premier valet de chambre de M. le comte de Chalusse, M. Casimir, offrait le café. Et tout en sirotant le gloria largement battu de fin cognac, présent de M. le sommelier, on se plaignait, comme de juste, de l’ennemi commun, du maître." Dans la soirée du 15 octobre, le comte de Chalusse est victime d'une attaque, dans le fiacre qui le ramenait chez lui. Le médecin appelé à son chevet est pessimiste. Que va devenir Marguerite, une jeune fille que le comte a sortie de l'orphelinat ? Au même moment, Pascal Ferailleur, jeune avocat prometteur et amoureux de Marguerite, fait la rencontre du vicomte de Corath dans une maison de jeux mondaine tenue par Mme d'Argelès... A suivre : "Lia d'Argelès".
Nombre de pages : 337
Date de publication :
Éditeur : La Gibecière à Mots