Accompagné de La part de Dieu, notes inédites de Danilo Kiš. Traduction Pascale Delpech. C’est à une véritable plongée dans “la chair de l’Histoire” que nous invite Olivier Maillart en évoquant les victimes oubliées du communisme à qui le formidable conteur Danilo Kiš dédia une œuvre singulière, Un tombeau pour Boris Davidovitch, sous-titré sept chapitres d’une même histoire. La roue de l’infortune nous guide à travers l’univers des personnages de Kiš, volontiers comparés par l’auteur aux damnés de l’enfer suppliant Dante de les rappeler à la mémoire des vivants. C’est un voyage hyperréaliste, documenté comme un reportage, brossant un tableau de l’épouvantable panoplie d’absurdités dont l’homme peut s’affubler quand il s’agit, en monnaie d’obéissance, d’acheter sa propre tranquillité. Olivier Maillart nous éclaire en compagnie de maîtres en l’art d’imaginer : Borges, joueur-magicien de la fiction . Shakespeare, empreint de la conscience des affres et destinées du pouvoir . Balzac et Malraux s’accordant sur l’idée que la condition humaine ne serait qu’une tragi-comédie dans ce coin d’univers... La lecture de La roue de l’infortune avive notre curiosité pour Danilo Kiš, aiguise notre intérêt pour la part de mémoire européenne que constitue son œuvre, et nous amène à considérer pleinement la conclusion proposée : “ce qui a eu lieu a bien eu lieu, ce qui a été fait ne peut plus être défait”. Car, pourrait-on ajouter, c’est pour cela que sur nos futurs veille la mémoire de l’écrivain, en une infinité de chapitres de la même Histoire