Si tu me possèdes, tu posséderas tout.
Mais ta vie m'appartiendra. Dieu l'a
voulu ainsi. Désire, et tes désirs
seront accomplis. Mais règle
tes souhaits sur ta vie.
Elle est là. A chaque
vouloir je décroîtrai
comme tes jours. Me veux-tu ?
A cette invitation séduisante et provocante, Raphaël répond par l'affirmative. Jeune homme malchanceux en proie au désespoir, il rencontre un mystérieux antiquaire qui lui fournit une peau de chagrin, support de cette formule qui résonne comme une incantation. Mais les pouvoirs de cet objet magique, symbole de sa propre vie, ne lui accorderont qu'un bref sursis. Cependant, si la fatalité règne en maître absolu sur le destin de Raphaël, les égarements de la nature humaine ne sont pas totalement étrangers à sa perte, puisque c'est par l'usage inconsidéré qu'il fait de ce talisman qu'il précipite sa déchéance. De même, si sa rencontre avec l'antiquaire est fortuite, elle aboutit néanmoins à un geste inaugural délibéré. Premier volet des Etudes Philosophiques, La Peau de chagrin, conte empreint d'occultisme, est une fable où le réalisme de Balzac se permet encore des détours par le surnaturel et où sa théorie du déterminisme n'en est encore qu'à ses débuts.