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Fromont jeune et Risler aîné : Moeurs parisiennes

Alphonse Daudet

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Alphonse Daudet (1840-1897) "– Madame Chèbe ! – Mon garçon... – Je suis content... C’était bien la vingtième fois de la journée que le brave Risler disait qu’il était content, et toujours du même air attendri et paisible, avec la même voix lente, sourde, profonde, cette voix qu’étreint l’émotion et qui n’ose pas parler trop haut de peur de se briser tout à coup dans les larmes. Pour rien au monde, Risler n’aurait voulu pleurer en ce moment, – voyez-vous ce marié s’attendrissant en plein repas de noces ! – Pourtant il en avait bien envie. Son bonheur l’étouffait, le tenait par la gorge, empêchait les mots de sortir. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de murmurer de temps en temps avec un petit tremblement de lèvres : « Je suis content... Je suis content... » Il avait de quoi l’être, en effet. Depuis le matin, le pauvre homme se croyait emporté par un de ces rêves magnifiques dont on craint de se réveiller subitement, les yeux éblouis : mais son rêve, à lui, ne semblait jamais devoir finir. Cela avait commencé à cinq heures du matin, et à dix heures du soir, dix heures très précises à l’horloge de Véfour, cela durait encore... Que de choses dans cette journée, et comme les moindres détails lui restaient présents ! Il se voyait au petit jour, arpentant sa chambre de vieux garçon dans une joie mêlée d’impatience, la barbe déjà faite, l’habit passé, deux paires de gants blancs en poche..." Risler Aîné, entrepreneur aisé, se marie avec Sidonie Chèbe, d'une famille ouvrière. Risler Aîné est vieux et Sidonie est jeune. Elle n'a d'intérêt que pour tout ce qui brille et ne pense qu'à sa propre personne...

Nombre de pages : 237

Date de publication :

Éditeur : La Gibecière à Mots

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