En deux siècles, les rivières traversant les villes européennes sont passées de réceptacle de tous leurs rejets à un milieu aquatique vivant, à préserver et à intégrer à la ville. Pour autant, ce retournement de perspective s’est produit alors que l’urbanisation et l’industrialisation conjointe des villes depuis le XIXe siècle avaient entraîné le sacrifice de leurs rivières. Les quatre métropoles de Bruxelles, Berlin, Milan et Paris ont été choisies car situées sur des rivières ayant un débit faible, voire très faible. Elles ont généré pendant longtemps des pressions telles que le fonctionnement des rivières s’en est trouvé modifié, au point de compromettre la préservation de leurs fonctionnalités.Avec un regard interdisciplinaire — entre écologie, hydrologie et sciences sociales —les auteurs reconstruisent ici la connaissance qu’ont eue les sociétés du fonctionnement de ces rivières, décrivent les techniques de surveillance des cours d’eau et énumèrent les actions menées pour améliorer leur état. Puis ils évaluent l’efficacité des réponses apportées, à travers l’évolution de l’état des rivières et de leurs populations piscicoles, utilisées ici comme traceur des pressions exercées et des réponses du milieu aquatique.Ces études de cas illustrent la diversité des trajectoires des couples ville-rivière et l’absence de causalité entre la connaissance de la qualité des cours d’eau, leur surveillance et les décisions prises. Elles révèlent l’importance des choix politiques pour ces quatre villes — indépendamment des moyens financiers et techniques disponibles — et fournissent un retour d’expérience pour les très grandes villes du monde qui se retrouvent, un siècle plus tard, confrontées aux mêmes défis.