La guerre en Ukraine donne toute son actualité à la réédition, quarante ans après, de l’essai de prospective de Patrick Schmoll, publié au début des années 1980. À l’époque, comme aujourd’hui, les tensions est-ouest faisaient planer la crainte d’un troisième conflit mondial. Le scénario géopolitique que décrivait l’ouvrage paraît se répéter en 2022, en se prolongeant de l’épisode que la chute de l’Union soviétique avait momentanément laissé en suspens : celui d’une guerre qui redevient possible entre Occidentaux et Russes, ayant l’Europe elle-même pour théâtre.Cette publication dans la version d’origine en fait un matériau de travail. Elle permet d’apprécier la capacité prédictive d’un raisonnement stratégique qui articule l’approche des systèmes complexes et la théorie des jeux.L’ouvrage donne en effet à réfléchir. Les tendances profondes qui gouvernent les relations internationales demeurent aujourd’hui les mêmes qu’il y a quarante ans, et leurs traits se sont même accusé : un système-monde devenu multipolaire et interdépendant, des États-Unis en déclin qui s’efforcent malgré tout de maintenir leur position hégémonique, la puissance montante de la Chine, une économie russe qui ne permet plus de financer les opérations de son armée, et l’Europe, plus que jamais « géant économique et nain politique ».Réfléchissant, depuis le passé, sur un avenir qui est désormais notre présent, l’auteur nous incite à penser au-delà des évidences sur lesquelles focalise un conflit (un agresseur envahit un pays dont le peuple se défend courageusement). Qui sortira affaibli de cette guerre ? À qui, au contraire, profitera-t-elle ?