Gaston Leroux (1868-1927) "Certain soir de l’an dernier, je remarquai dans le salon d’attente du journal le Matin un homme tout de noir vêtu, sur la figure duquel je m’arrêtai à lire le plus sombre désespoir. Il ne pleurait plus. Ses yeux desséchés et morts recevaient l’image des objets extérieurs, comme des glaces immobiles. Il était assis et avait déposé sur ses genoux un coffret en bois des îles tout orné de ferrures. Ses deux mains étaient croisées sur le coffre. Un garçon de service me dit qu’il attendait là, depuis trois longues heures, mon arrivée sans un mouvement, sans le bruit d’un soupir. Je priai cet homme en deuil de franchir le seuil de mon cabinet. Je lui montrai un siège, mais il ne s’assit point, il vint droit à mon bureau et déposa le coffret en bois des îles tout orné de ferrures. – Monsieur, me dit-il d’une voix éteinte et lointaine, ce coffret vous appartient. Mon ami, M. Théophraste Longuet, m’a donné la mission de vous l’apporter. Recevez-le, monsieur, et croyez-moi votre serviteur. L’homme me salua et regagna la porte. Je l’arrêtai : – Eh quoi ! lui dis-je, ne partez pas ainsi. Je ne puis recevoir ce coffret sans savoir ce qu’il contient. Il me répondit : – Monsieur, je ne sais pas ce qu’il contient. Ce coffret est fermé à clef. La clef de ce coffret n’existe plus. Vous devez briser le coffret pour savoir ce qu’il contient." Théophraste Longuet, fabricant de timbres en caoutchouc à la retraite, commence à avoir un comportement bizarre et vulgaire en visitant l'ancienne prison de la Conciergerie. Serait-il possédé ? Une âme défunte aurait-elle investi Théophraste ?
Number of pages : 245
Publication date :
Editor : La Gibecière à Mots